Se mobiliser pour lutter contre les rumeurs sur la riposte à la COVID-19 en République démocratique du Congo

Se mobiliser pour lutter contre les rumeurs sur la riposte à la COVID-19 en République démocratique du Congo
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Se mobiliser pour lutter contre les rumeurs sur la riposte à la COVID-19 en République démocratique du Congo

Kinshasa – Il peut être difficile de démêler le vrai du faux parmi les histoires déformées et souvent répétées sur la COVID-19. En République démocratique du Congo (RDC), un réseau de vérificateurs d’informations est en alerte constante pour suivre et répondre à la désinformation, grâce aux efforts du gouvernement soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des organisations partenaires.

« Au début de la pandémie, nous étions submergés par les rumeurs et la désinformation sur la COVID-19 et les vaccins », raconte l’imam El Hadj Famba Ali Huseini, responsable de la Mosquée centrale Usoke, dans un quartier populaire de la capitale congolaise. « Dans la communauté musulmane de Kinshasa, les gens avaient peur du vaccin », poursuit l’imam. « On disait qu’on allait utiliser les Africains comme des cobayes et surtout que les vaccins sont fabriqués avec des gélatines de porc. »

L’OMS a collaboré avec le Ministère de la santé publique, Hygiène et Prévention pour mettre en place un système d’alerte et de réfutation des rumeurs. Les travailleurs de la santé, les chefs de file communautaires et religieux, ainsi que les journalistes, ont été formés à détecter et gérer la désinformation. L’objectif était de fournir au public des informations fiables sur la pandémie de COVID-19, pour faire en sorte que les vaccins protègent plus de vies.

Dans le cadre d’une campagne d’information, l’imam a ainsi reçu la visite des spécialistes de la lutte contre la désinformation. « Le spécialiste en infodémie nous a démontré les étapes de fabrication du vaccin, suivant le processus normal. Il a détaillé la composition du vaccin et nous avons eu la confirmation qu’il n’y avait pas de gélatine de porc dedans », se remémore El Hadj Famba Ali Huseini. « Plus important encore : il nous a montrés les chiffres de la vaccination dans les pays musulmans, comme l’Arabie Saoudite et l’Indonésie, où les gens ont accepté de se faire vacciner. »

L’imam s’est depuis fait vacciner et profite de ses prêches pour appeler les fidèles à faire de même. Trente autres responsables de mosquée à Kinshasa ont été formés à lutter contre les fausses rumeurs les plus répandues.

D’après une récente étude menée par des chercheurs congolais et internationaux sur l’acceptation du vaccin en RDC, 45 % des fausses informations sur la COVID-19 dans le pays circulent par le bouche-à-oreille, 20 % sur les réseaux sociaux avec une prédominance de WhatsApp, suivi par Facebook et Twitter. Par ailleurs, 16 % de la désinformation provient de la télévision et la radio, et à part égale des guérisseurs traditionnels. L’essentiel de rumeurs concerne les remèdes à la COVID-19, de faux conseils de certains médecins, des théories complotistes et des vidéos détournées. 

Depuis le mois d’août 2021, l’Alliance pour la riposte à l’infodémie en Afrique (AIRA), coordonnée par l’OMS, a d’abord contribué à former au suivi des rumeurs dans les communautés plus d’une vingtaine de personnes au sein des autorités nationales et 160 dans les provinces de Kong Central, Haut-Katanga et Kinshasa.

« Nous étions bloqués avec la communication sur les vaccins. Avant l’arrivée de l’expert en infodémie, on ne savait pas qu’il fallait combattre la pandémie et la désinformation au même moment », explique Mr. David Olela, responsable de la communication du Programme élargi de Vaccination (PEV), au Ministère de la santé publique, hygiène et prévention.

« La formation d’une équipe locale en gestion des rumeurs nous a permis de changer le narratif anti-vaccin en narratif pro-vaccin et les analyses des feedbacks communautaires ont permis d’adapter les stratégies de communication selon les besoins en informations sur les vaccins contre la COVID-19. » Les messages clés étaient définis en fonction des rumeurs à réfuter et les leaders politiques, religieux et communautaires reçoivent régulièrement des informations mises à jour afin d’éviter les déclarations contradictoires.

« Nous avons aussi appris à utiliser les vidéos de Viral Facts Afrique et nous les publions sur notre site pour déconstruire les rumeurs qui circulent dans la communauté », poursuit David Olela. « Ainsi nous avons pu déconstruire les rumeurs concernant une personne supposée être décédée après avoir reçu le vaccin AstraZeneca. »

Il a fallu déployer des efforts considérables, à tous les niveaux, pour vaincre les réticentes.

Plus de 600 travailleurs de la santé, en contact direct avec les communautés, ont été formés à Kinshasa à identifier et réfuter les mythes entourant la vaccination contre la COVID-19. Par ailleurs, 144 professionnels des médias ont aussi appris à vérifier des faits et la fiabilité de leurs sources d’information, en particulier en ligne.

De plus, pour renforcer le rôle essentiel des autorités politiques dans la lutte contre la désinformation, des sessions de questions et réponses de réfutation des rumeurs ont été organisées au Parlement national devant 300 représentants nationaux et de province.

En RDC, le taux de vaccination contre la COVID-19 reste néanmoins parmi les plus faibles du continent. Fin janvier, seules 210 000 personnes étaient entièrement vaccinées, soit une couverture vaccinale de moins de 0,5 % de la population nationale.

Néanmoins, les interventions de l’équipe d’infodémie de l’OMS portent leurs fruits.

« Nous avons vu des médecins et des militaires qui se sont fait vacciner », souligne le Dr Moïse Yapi, chef intérimaire de l’équipe d’immunisation et de vaccination au bureau de l’OMS en République démocratique du Congo. « Nous avons aussi vu des représentants de confessions religieuses devenir eux-mêmes des sensibilisateurs contre la désinformation et promotion de la vaccination. Dans les lieux des cultes, les fidèles étaient aussi réticents, mais après les séances de la gestion de l’infodémie, nous les avons vus commencer à sensibiliser la population par rapport à la vaccination. »

Les efforts de la déconstruction des rumeurs et de la vérification des faits contribuent aussi à la lutte contre d’autres maladies.

« La mise en place des analyses des feedbacks communautaires permet de récolter les rumeurs sur des problèmes de santé publique autres que la COVID-19 », ajoute le Dr Yapi. « L’équipe de l’infodémie a ainsi permis de gérer les rumeurs sur le choléra et la méningite, et à faire accepter les vaccins dans les provinces touchées de l’Est de la RDC. » Dans ces deux cas, les rumeurs qui circulaient affirmaient que les autorités sanitaires profitaient de l’épidémie pour vacciner en secret les populations contre la COVID-19. Une analyse rapide des rumeurs a ainsi contribué à réfuter la désinformation et à mener les campagnes de vaccination à bien.

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